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Page:Swift - Le Conte du tonneau - tome 2 - Scheurleer 1732.djvu/247

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de la Religion.

avec raiſon nos Piéces de Théatre, & ſur-tout les plus modernes.

J’obſerverai ſeulement la Juſtice diſtributive de Meſſieurs les Auteurs, qui ne manquent jamais de punir la Vertu, & de recompenſer le Vice, contre les regles de critique les plus ſenſées, & contre la pratique conſtante, de tous les ſiécles, & de tous les autres Peuples.

On verra d’ordinaire ſur la Scene un Gentilhomme Campagnard, qui n’a d’autres défauts, que de l’Impoliteſſe, & un accent Provincial, qu’il n’eſt pas le maître de quitter, condamné à épouſer une Courtizane uſée, ou une Fille de Chambre, qui a fait banqueroute à ſon honneur. En recompenſe, un Scelerat de profeſſion, à qui on donne pour qualitez brillantes la Prodigalité, la Profanation, l’Intemperance, & la Débauche la plus exceſſive, devient l’Epoux d’une riche Heritiere, propre à reparer les bréches qu’il a fait dans ſon Patrimoine, par les excès les plus honteux. Comme, dans une Tragedie, on releve & on embellit le Caractere d’un Heros dans l’Eſprit des Spectateurs, en lui attribuant pluſieurs gran-