Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/137

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flamme, ou toute la chandelle en soient moins à moi.

Il se peut que vous regardiez comme une tâche fort rude d’arriver à une connaissance suffisante de tous les anciens qui excellent en leur genre ; et en effet il en serait réellement ainsi sans la courte et facile méthode, récemment découverte, des extraits, abrégés, sommaires, etc., qui sont d’admirables expédients pour être très-instruit avec peu ou point de lecture, et ont la même utilité que les miroirs ardents, pour concentrer les rayons d’esprit et de savoir épars dans les auteurs, et les darder, dans toute leur chaleur et leur vitesse, sur l’imagination du lecteur. Et à ceci se rapporte de très-près cette autre invention moderne de consulter les index, ce qui est lire les livres à la façon des Hébreux, en commençant par la fin. Et c’est raccourcir le chemin qui mène à la connaissance des auteurs ; car il faut traiter les auteurs comme les homards, chercher le meilleur dans la queue, et remettre le corps au plat. Les plus adroits voleurs (et qu’est-ce que les lecteurs, qui ne lisent que pour emprunter, c’est-à-dire pour voler ?), ont l’habitude de couper votre porte-manteau derrière vous, sans s’amuser à fouiller dans vos poches. Enfin, c’est ce qu’on vous enseigne dans les éléments même de la philosophie ; car une des plus belles règles de la logique est, finis est primus in intentione.

Le monde savant est donc grandement redevable à la peine prise dernièrement par un judicieux éditeur des classiques, qui a travaillé dans cette