Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/156

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même, qui fais la proposition, je jouirai des franchises de leur compagnie.

Pour conclure : pourquoi notre gouvernement n’aurait-il pas un poète-lauréat, comme en a l’Angleterre ? pourquoi notre université n’aurait-elle pas un professeur de poésie, comme en a l’Angleterre ? pourquoi notre lord maire n’aurait-il pas un barde de la cité, comme en a l’Angleterre ? et pour raffiner sur l’Angleterre, pourquoi chaque corporation, paroisse et quartier de cette ville, n’aurait-il pas un poète à gages, comme ils n’en ont pas en Angleterre ? Enfin, pourquoi tout homme en état de le faire, ne serait-il pas obligé d’ajouter un domestique de plus à son nombre habituel, et indépendamment d’un fou et d’un chapelain (qui souvent ne font qu’un), n’entretiendrait-il pas un poète dans sa famille ? car, peut-être un rimeur est aussi nécessaire parmi les serviteurs d’une maison qu’un charretier avec ses clochettes à la tête d’un attelage. Mais cela je le livre à la sagesse de mes supérieurs.

Tandis que je dirige votre plume, je ne devrais point oublier de gouverner la mienne, qui a déjà dépassé les bornes d’une lettre. Je dois donc prendre congé de vous brusquement, et vous prier, sans plus de cérémonie, de croire que je suis

Monsieur,
Votre très-humble serviteur,
J. S.