Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/246

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avec autant d’assurance, pour me diffamer moi et ma profession, que si j’étais depuis vingt ans sous terre.

Et après un traitement aussi barbare, le monde peut-il me blâmer quand je demande ce qu’est devenue la liberté des Anglais ? et où sont la liberté et la propriété que mon ancien et glorieux ami est venu défendre ? Nous avons expulsé le papisme, et envoyé la servitude aux climats étrangers. Les arts seuls demeurent dans l’esclavage lorsqu’un homme de sciences, bien famé, est insulté ouvertement, au milieu des nombreux et importants services qu’il rend journellement au public. A-t-on jamais ouï dire, même en Turquie ou à Alger, qu’un astrologue de l’État ait été dépouillé de son existence par le persifflage d’un ignorant imposteur, ou chassé de ce monde par les aboiements d’une meute d’infâmes braillards de colporteurs ? J’ai beau imprimer des almanachs et publier des avertissements ; j’ai beau produire des certificats de vie signés du ministre et des marguilliers, et attester le fait sous serment aux sessions trimestrielles, il paraît une complète et fidèle relation de la mort et de l’enterrement de John Partridge : la vérité est terrassée, les attestations sont négligées, le témoignage de graves personnes méprisé, et un homme est regardé par les voisins comme s’il était mort depuis sept ans, et est enterré vivant au milieu de ses amis et connaissances !

Or, tout homme de sens commun peut-il consi-