Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/253

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yeux au ciel, et se sont écriées, moitié fureur moitié rire, qu’ils étaient sûrs qu’aucun homme sur la terre n’avait jamais écrit une aussi abominable drogue. Et jamais je n’ai entendu contester cette opinion ; en sorte que M. Partridge est dans ce dilemme, ou de désavouer son almanach, ou de reconnaître qu’il n’est pas sur la terre. Deuxièmement, la mort est définie, par tous les philosophes, une séparation de l’âme et du corps. Or il est certain que sa pauvre femme, qui doit le savoir mieux que personne, va depuis quelque temps de ruelle en ruelle dans son voisinage, jurant à ses commères que son mari est un corps sans âme. C’est pourquoi, si un ignorant cadavre continue d’errer parmi nous, et qu’il lui plaise de s’appeler Partridge, M. Bickerstaff ne s’en croit aucunement responsable. Et ledit cadavre n’avait nul droit de battre le pauvre petit garçon qui se trouvait passer près de lui dans la rue, en criant : « Récit complet et véridique récit de la mort du docteur Partridge, etc. »

Troisièmement. M. Partridge prétend dire la bonne aventure et faire retrouver les objets perdus ; ce que, au dire de toute la paroisse, il ne peut faire qu’en ayant commerce avec le diable et les autres malins esprits ; et aucun homme sensé n’admettra jamais qu’il puisse avoir personnellement commerce avec lui ou avec eux avant d’être mort.

Quatrièmement. Je lui prouverai clairement qu’il est mort, d’après son propre almanach de cette année, et d’après le passage même qu’il présente pour