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Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/35

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que quelque étranger a la bonté de glisser un mot à votre excuse ; dans ce cas, vous serez en droit de vous justifier vous-même, et vous pouvez justement conclure que lorsqu’il vous grondera plus tard, dans d’autres occasions, il peut avoir tort ; opinion dans laquelle vous vous confirmerez en exposant à votre façon le cas à vos camarades, qui certainement décideront en votre faveur ; c’est pourquoi, je le répète, toutes les fois que l’on vous gronde, plaignez-vous comme si c’était vous qui étiez lésé.

Il arrive fréquemment que les domestiques envoyés en message sont sujets à rester un peu plus longtemps que le message ne l’exige, peut-être deux, quatre, six ou huit heures, ou quelque semblable bagatelle ; car la tentation à coup sûr est grande, et la chair ne saurait toujours résister. Quand vous revenez, le maître jette feu et flamme, la maîtresse crie ; vous faire mettre habit bas, vous bâtonner, vous jeter à la porte, voilà ce qui se dit. Mais vous devez être muni d’un assortiment d’excuses qui suffisent à toutes les occasions : par exemple, votre oncle est arrivé ce matin en ville ayant fait quatre-vingts milles tout exprès pour vous voir, et il s’en retourne demain au point du jour ; un camarade, qui vous avait emprunté de l’argent lorsqu’il était sans place, se sauvait en Irlande ; vous preniez congé d’un vieux camarade à vous, qui s’embarquait pour les Barbades ; votre père vous avait envoyé une vache à vendre, et vous n’avez pas pu trouver d’acheteur avant neuf heures du soir ; vous avez fait