cette besogne entièrement à la fille de cuisine, de peur de déshonorer la maison où vous servez.
Si vous faites le marché, achetez votre viande le moins cher que vous pourrez ; mais dans vos comptes, ménagez l’honneur de votre maître, et marquez le prix le plus élevé ; ce n’est d’ailleurs que justice, car personne ne saurait vendre au même prix qu’il achète, et je suis convaincu que vous pouvez surfaire en toute sûreté ; jurez que vous n’avez pas donné plus que le boucher et le marchand de volaille n’ont demandé. Si votre maîtresse vous ordonne de servir à souper un morceau de viande, vous ne devez pas entendre par là qu’il faut le servir tout entier ; vous pouvez donc en garder la moitié pour vous et le butler.
Les bonnes cuisinières ne peuvent souffrir cette besogne qu’elles appellent justement vétilleuse, celle qui prend beaucoup de temps pour peu de résultats ; comme, par exemple, de faire rôtir des petits oiseaux, qui demandent énormément de soins, et une seconde et une troisième broche, ce qui, soit dit en passant, est absolument inutile ; car il serait vraiment bien ridicule qu’une broche, qui est assez forte pour tourner un aloyau, ne fût pas capable de tourner une mauviette ; cependant, si votre maîtresse est délicate et qu’elle craigne qu’une grosse broche ne les mette en pièces, placez-les gentiment dans la lèchefrite, où la graisse du rôti de mouton ou de bœuf tombant sur les oiseaux servira à les arroser, et de la sorte économisera le