Page:Swinburne - Auguste Vacquerie, 1875.djvu/10

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des pieds pour marcher droit, des yeux pour voir clair, des mains pour travailler dur à la terre commune et dans l’air commun de la réalité, voilà qui est impossible. Ils ne sont bons, comme chacun le sait, qu’à être couronnés et chassés à la fois par les mêmes mains ; la juste reconnaissance de leurs concitoyens les doit honorer et tenir à bonne distance.

Je regrette que ceux qui ont cette opinion, — dans laquelle je me permets de ne voir qu’ « un petit chien qui amuse une vieille femme », bien que ce soit l’opinion de Platon et que, comme on sait encore, « Platon ne se trompe pas, — je regrette qu’ils ne poussent pas leur raisonnement à sa conséquence logique : ils ne devraient pas se contenter de dire que tous les poëtes sont incapables et inutiles ; moi, je complète cette opinion si judicieuse en disant que tous les hommes d’une inaptitude évidente et d’une incapacité notoire pour tout ce qui est service public, pour tout ce qui est utile au pays, sont des poëtes.

D’après cette théorie, quelle moisson exu-