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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/136

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tga DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

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(i) Malmcsbury, I, 534, 539<

vertement en avant, les évêques et les chefs militaires lui prêtés rent serment de iidéhté à Saint-Pétersbourg, comme le firent dans les provinces les troupes, les popes, et toute la partie active et orthodoxe de la population. Pierre IH. fut renversé du trône sans avoir pu opposer la moindre résistance, et fut égorge par les ambitieux amis de son épouse. Mais cet événement ne donna pas la couronne au grand-duc Paul, car ce n’était pas par amour maternel que Catherine avait pris sur elle d’affronter les dangers d’une révolution.

Ainsi donc, jamais, dans cet empire, la légitimité ne présida aux grands événements. La force était le seul droit reconnu; celui qui possédait la force passait pour le représentant de Dieu, jusqu’à ce qu’un nouveau conquérant le replongeât dans le néant.

Jamais créature humaine ne fut mieux amenée par les hasards de la destinée à la place qui !u.i convenait quoCatherine lorsqu’elle monta sur le trône de Russie. La haute idée qu’elle avait d’ellemême répondait au pouvoir qui lui était dévolu le vaste essor de son génie embrassait l’ensemble de son empire; l’ardeur de ses passions avait besoin du relâchement des mœurs qui y régnait. Tout son être se composait de contrastes; elle était à la fois bienveillante et implacable, réfléchie et emportée, d’une conduite dissolue et d’une ardeur infatigable au travail; mais tous ces contrastes se résumaient en une ambition colossale et en un esprit de domination qui embrassait le monde entier.

La plupart des hommes qui l’approchaient se sentaient irrésistiblement attirés vers elle par mille grâces extérieures. Elle était d’une taille moyenne, que l’âge épaissit un peu, d’un maintien décent et digne (~). Son front était haut et pur, son regard calme et limpide, la partie inférieure de son visage annonçait seule, par la lourdeur des formes, l’énergie de ses passions. Elle se montrait extrêmement sobre dans ses repas et était d’une cordialité charmante dans le commerce de la vie intime. Un trait de caractère singulier chez une femme qui fit tuer son mari et qui opprima son fils, c’est qu’elle ne pouvait vivre sans avoir