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direction ofncieUe de cette éducation au grand maître de la cour, le comte Colloredo, homme d’un caractère taciturne et quelque peu hypocrite, sans talents remarquables, et cachant sous un extérieur austère une ambition patiente et rusée. L’in-" struction militaire du jeune prince fut confiée a deux adjudants l’un, Lamberti, éfait tout à fait nul; l’autre, Rollin, était un ambitieux effréné qui prit bientôt un grand ascendant sur son élève. Le jésuite Diesbach, dont il n’y a pas grand’chose à dire, et le professeur Scbloissnig, homme instruit, mais faible et vaniteux, furent charges de son éducation scientifique. Bien qu’on sût peu dans le public quelles étaient les dispositions particulières du jeune archiduc, l’opinion générale était qu’il suivrait une marche tout opposée a celle de l’empereur Léopold, et qu’U remettrait en vigueur les idées de Joseph II.

En effet, il y avait à peine quelques mois qu’il était sur le trône, qu’en dépit de tous les obstacles, François II commença à justifier ces prévisions. Ce n’était pas qu’il y fût poussé par une grande’idée ou par un système clairement conçu il n’était pour cela ni assez inslruitsur la situation ni assez versé dans les affaires, et si une trop grande hâte d’arriver au but permit rarement à Joseph de juger les événements avec maturité, chez François ce furent l’indolence et l’aversion pour l’étude qui ne lui permirent pas même d’en prendre la connaissance la plus superficielle. Il donnait la plus grande partie de son temps a’des plaisirs innocents mais stériles, tels que les concerts, les représentations dramatiques, les collections d’animaux, la culture des fleurs. Il ne cherchait pas même en ces choses un intérêt scientifique ou artistique; il était simplement attiré vers elles par le besoin de distractions qu’éprouve toujours un esprit ennuyé et oisif. Bien qu’il confiât tous les travaux du gouvernement à ses ministres, il n’en conservait pas moins la plus haute idée de sa personne et de sa dignité; le sentiment, de sa faiblesse, loin d’adoucir ce que son caractère avait d’impérieux, l’augmentait encore, en y ajoutant une méfiance générale dans laquelle il enveloppait tout son entourage, ses amis et ses serviteurs. On comprend facilement qu’un tel caractère n’avait rien des aspirations libérales de Joseph H, mais qu’il devait cependant adopter ses tendances absolues et ses idées de conquête, et arriver à un despotisme non