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168 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

furent dissoutes et remp)acées par de nouveaux tribunaux formés de partisans de la Confédération; mais, comme on ne croyait pas encore avoir assez assuré par là le pouvoir du parti, la Généralité se réserva le droit de décider en dernier ressort. Que l’on ajoute enfin à tout cela que quiconque voulait exercer un droit politique ou une fonction publique devait d’abord signer un serment d’adhésion complète à la confédération, et l’on aura à peu près connaissance de toutes les mesures par lesquelles une minorité sans talent et sans droits s’empara de toutes les branches du pouvoir.

Ces mesures étaient soutenues, nous n’avons pas besoin de le dire, par les troupes russes, qui réprimaient à main armée tout symptôme de mécontentement. Les régiments polonais, forts de trente-sept mille hommes environ, furent disséminés dans toutes les parties du royaume, au milieu de forces russes qui leur étaient bien supérieures en nombre; beaucoup même furent licenciés sans dédommagement et sans pension. Leurs réserves furent incorporées aux troupes russes comme recrues, leurs officiers furent soumis à la rigoureuse surveillance de la police, et les Russes prirent partout possession des arsenaux. Quant à opposer la moindre résistance, il ne pouvait plus en être question le pays subissait sans défense tous les actes arbitraires de ses vainqueurs. A Varsovie, la garnison polonaise dut céder à une garnison russe la garde de la résidence royale. La Généralité, le siège réel du gouvernement, fut transportée à Grodno, bien que les confédérés eussent préféré rester à Varsovie. L’ordre en arriva de Saint-Pétersbourg à l’époque où les négociations avec la Prusse se dessinèrent clairement; or, comme les Russes auraient eu tout aussi bien la Généralité sous la surveillance de leurs troupes à Varsovie, on ne put attribuer cette mesure qu’au désir de tenir le gouvernement polonais aussi éloigné que possible de l’influence prussienne. C’étaient les provinces qui étaient chargées de subvenir aux besoins de leurs protecteurs étrangers; il fallait qu’elles leur procurassent journellement des vivres et des fourrages, et elles devaient leur fournir au mois de novembre des provisions pour huit mois, d’après des tarifs fixés par les Russes; bientôt elles se ressentirent cruellement du manque de discipline des troupes russes et de la brutalité des