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pour opérer un changement subit et atteindre leur but tout en paraissant céder.

Le nouveau plan qu’ils adoptèrent consistait à poursuivre le recrutement sans doute, mais à en profiter pour former des bataillons démocratiques, et non plus pour éloigner les citoyens hostiles. On ne changea pas la destination des troupes qui devaient partir pour la Vendée, mais on résolut, avant leur départ, de s’en servir pour opérer un grand coup d’Etat contre la Gironde. On ajourna le recouvrement de l’emprunt, et au lieu d’employer la con.trainte pour former les nouveaux bataillons, on n’accepta plus que les engagements volontaires (1). En même temps, la Municipalité décida, le 13 mai, la formation d’une armée de sans-culottes, en dehors des forces déjà destinées à la Vendée, et elle ordonna le désarmement de toutes les personnes suspectes; puis, le 17, elle nomma de sa propre autorité au commandement en chef de la garde nationale un Jacobin fanatique, nommé Boulanger, en remplacement de Santerre qui devait conduire en Vendée le contingent municipal. Par ce moyen, elle eut promptemont sous les armes quelques milliers de prolétaires, tous gens pauvres et sans ressources, que les soins mêmes de leur équipement devaient encore retenir quelques semaines à Paris, et qui, pendant ce temps, étaient prêts à se livrer à toutes les violences contre les aristocrates, les Girondins et les riches. Leurs chefs se hâtèrent de leur assigner un but. Un certain Ilenriot, qui avait été domestique en 1789, puis garde des douanes, puis enfin espion de la police, et que ses escroqueries avaient fait chasser de ces divers emplois, s’était distingué depuis le mois de septembre par son ardeur au meurtre, et avait été nommé commandant de la garde nationale pour la section des sans-culottes. Là, il répétait jour et nuit aux volontaires qu’ils ne devaient pas quitter Paris sans avoir auparavant renversé les Girondins et écrasé les aristocrates. Varlet prêchait les mêmes doctrines à la section de la IIalIe-au-BIé, Maillard groupait d’autres troupes autour de lui, sous le titre de défenseurs de la République indivisible, et un club, déclarant que le temps des beaux discours était passé, décidait la formation d’un bataillon d’amazones. De son côté, la Municipalité assem’ (1) Rapport du Département de fuConYentiun, 8 mai.