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’558 SttSt’tNiSMN DE LA GUERRE DE LÀ COALITÎOH.

commanda au généra! Moellendorf de tenir l’armée prête, quoique, ajoutait-il, les Polonais fussent divisés entre eux par des querelles jalouses, qu’ils se fussent famitiarisés avec l’idée du partage, et qu’ils désirassent en finir promptement, afin d’empêcher le pays d’être ruiné parles Russes.

En effet, les membres de la diète étaient d’accord au sujet de l’immolation de leur pays, mais, sur tous les autres points, ils étaient divisés par des haines irréconciliables. Tandis que les Targoviciens et les nouveaux venus s’observaient avec méfiance, il se formait des deux parts un fort parti russe et un petit parti prussien d’un autre côté, le roi Stanislas et ses amis, dans l’espoir de créer des embarras et des obstacles aux puissances copartageantes, cherchaient à mêler l’Autriche aux négociations. Quelques-uns des partisans de la Russie, à la tête desquels était le maréchal Bilinski, regardaient le moindre signe de l’ambassadeur russe comme l’expression formelle de la volonté de Catherine, tandis qu’au contraire le chef le plus influent des Targoviciens, Kossakowski, général russe lui-même, ressentait la plus ’violente jalousie contre Sievers, à la place duquel il aurait voulu gouverner son pays, sous la protection de l’impératrice; Kossakowski cherchait donc en secret à contrecarrer tous les actes de son rival et à rendre celui-ci suspect à l’impératrice, en le lui dépeignant comme un diplomate inhabile et malheureux dans ses négociations. H était puissamment soutenu à Saint-Pétersbourg par Suboff, qui détestait Sievers depuis que celui-ci avait dénoncé à Catherine les exactions commises en Courlande par son favori. Bientôt donc, Sievers rencontra partout des difncultés inattendues, surtout lorsque indépendamment du traité de partage, il chercha à rétablir un peu d’ordre dans le gouvernement de la Pologne, proposa une nouvelle constitution, et tenta de mettre obstacle à Fégoïsme avide de Kossakowski et, de ses amis. Catherine lui interdit toute réforme avant la conclusion du traité, et Suboff continua à protéger toutes les escroqueries et toutes les déprédations des Targoviciens. « Pourquoi voulezvous empêcher le bon Kossakowski de s’enrichir aux dépens de la Pologne? écrivait Igelstrœm à l’ambassadeur. Tous les gouvernants l’ont fait et le feront toujours ». Sievers, quoique tout-puissant pour opprimer la Pologne, était sans force pour