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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/364

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360 SUSPENSION DE LA GUERRE .DE LA COALITION.

émanât primitivement d’une source plus élevée, du cabinet même de Saint-Pétersbo.urg.

Catherine, comme nous l’avons vu, s’était décidée à acheter le consentement de l’Europe à la conquête de la Pologne par la cession d’une faible partie de ce pays à la Prusse. Elle n’était pas encore en mesure d’adopter une autre ligne de conduite le traité de Saint-Pétersbourg avait été conclu et exécuté, et la Prusse évitait avec soin de donner à la Russie le moindre prétexte à un changement de système. D’un autre côté, le ministre autrichien, toujours inquiet, agité et irrésolu, était désireux d’acquérir aussi une province polonaise, et, s’il ne pouvait y parvenir, il était prêt à susciter des obstacles au partage russo-prussien. Le 16 juin, il envoya à Saint-Pétersbourg une dépêche dans laquelle il exposait sans détours les prétentions de l’empereur sur Cracovie, Czenstochowa et tout le pays environnant, et demandait même au besoin le partage complet de la Pologne. Catherine ayant refusé d’accéder à ces demandes, il somma de nouveau le gouvernement russe, le 12 juillet, d’ajourner le partage de la Pologne jusqu’à la fin de la guerre avec la France, donnant pour motif le peu de confiance que lui inspirait la Prusse. Ces notes ne firent naturellement que fortifier Catherine dans la résolution de hâter le plus possible la conclusion de ce qui la concernait dans les affaires de Pologne; de plus, elles lui montrèrent de nouveau toute la profondeur de l’abime qui se creusait entre les puissances allemandes, et qui, pour longtemps, délivrait la Russie de la crainte que les cours de Vienne et de Berlin ne se réunissent pour agir contre elle. Toutefois, Catherine était résignée à abandonner à la Prusse la province qui lui avait été promise, mais elle ne s’en affermit que davantage dans la résolution de maintenir et de faire sentir sa prépondérance sur tous les autres points. Elle ne voulait pas, par exemple, que la Pologne traitât avec la Prusse sur le même pied, dans le même temps, ni par le même acte qu’avec la Russie. Elle entendait que la cession à la Russie eût lieu sans délai; après quoi les affaires des deux petits États, c’est à dire de la Pologne et de la Prusse, pourraient être activées ou retardées, suivant les circonstances, mais toujours sous la haute direction de la Russie. L’acte qui accréditait Sie-