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COMPLICATIONS DIPLOMATIQUES AU SUJET DE LA POLOGNE. 363

deux derniers traits suturaient pour caractériser l’événement, car il y avait des mois que la caisse de Pologne était vide, et depuisle mois de septembre déjà, les troupesn’étaient plus payées (1). La menace de Sievers était donc absolument vide de sens; néanmoins la diète s’en contenta, et le 17, après une scène orageuse dans laquelle plusieurs députés se déclarèrent prêts à partir pour la Sibérie, le comité fut investi des pouvoirs réclamés pour lui. On protesta en même temps contre la contrainte qui venait d’être exercée mais Sievers ne s’en inquiéta pas et il présenta son traité à la discussion apparente du comité, qui devait l’accepter sans y rien changer. Par ce traité, la Pologne cédait à la Russie les provinces déjà occupées par elle; en retour, la Russie s’engageait protéger la future constitution polonaise, à accorder à ses nouveaux sujets une entière liberté re-. ligieuse, et au commerce tous les priviléges imaginables. Le roi Stanislas et Kossakowski furent les premiers à demander qu’on seh&tât, et tous deux pour le même motif: ils espéraient, parune prompte acceptation, s’assurer la protection de Catherine contre la Prusse. L’acte fut donc signé le 22 juillet c’était la consécration solennelle de la conquête de la Pologne par la Russie. Buchholz, pensant enfin que son tour était venu, réclama aussitôt en faveur du comité les pouvoirs nécessaires pour négocier avec la Prusse; mais la diète fut unanime à décider qu’il fallait lui résister par tous les moyens possibles. Les mêmes députés qui, deux jours auparavant, avaient déclaré préférer l’exil en Sibérie au traité russe, entre autres Kimbar, d’Upita, se portèrent garants que Catherine, entre les mains de laquelle ils avaient remis leur sort, ne les livrerait pas aux Allemands. Quelques voix seulement osèrent soulever un doute à cet égard d’autres proposèrent de nouveau de faire appel à l’Autriche; enfin il fut décidé qu’on demanderait aide et protection à Vienne et à Saint-Pétersbourg tout à la fois. Sur les instances de Buchholz, Sievers réunit plusieurs fois les chefs des différents partis, qui tous réclamèrent un traité de commerce favorable comme première condition du traité politique. Sievers leur déclara alors que Catherine était inébranlable et insistait pour la cession du territoire ré(1) Buchholz, 2 juillet. Rapport du cotinétable Ozaro~ski, 26 juillet (Journal politique, 1793, p. 813).