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BRUXELLES.–FRANCFORT.–LONDRES. S? -11

presque partout ailleurs, les noms des candidats durent être imposés par l’autorité militaire française, et, dans ces conditions même ce furent généralement des membres des anciens États qui remportèrent. A Bruxelles, le peuple cassa les vitres desmaisons des démocrates l’église de Sainte-Gudule, où les élections avaient lieu, fut cernée par l’artillerie française, et le collège électoral fut contraint à coups de sabre à nommer les candidats démocratiques. En vain Dumouriez, qui redoutait sans cesse 1 es effets de la passion de conquête des Parisiens, pressait-il l’or~ ganisation d’un gouvernement unique et la formation d’une armée belge de quarante mille hommes: les patriotes de Paris s’irritèrent de ces instances, qui leur faisaient redouter un armement contre eux-mêmes et non contre l’Autriche (1). Enfin, lorsque le dénûment de l’armée française commença à se faire sentir et que les soldats se virent poussés par la faim à piller et à mettre les propriétés belges en réquisition, le mécontentement prit de telles proportions que Dumouriez craignit des révoltes, et que le MoH~e?~ de Bruxelles annonça que la rigoureuse surveillance du général pouvait seule protéger la ville nouvel..lement affranchie contre de dangereux troubles.

C’est au milieu de toutes ces difïlcultés et de tous ces obstacles que le vainqueur de Jemmapes continuait sa marche à travers la Belgique. Les gens qui étaient alors au pouvoir à Paris ne songeaient nullement à lui venir en aide. En dépit du délabrementde leur plus importante armée, ils n’éprouvaient pas la moindre inquiétude relativement aux affaires du dehors au contraire, ils se croyaient alors, au milieu de novembre, plus prés que jamais de leur but, qui était le bouleversement de l’Europe, et ils considéraient comme venu le moment de produire au grand jour le superbe système que, jusque-la, ils avaient ourdi en secret.

Plusieurs fois déjà, dans les discussions qui s’étaient élevées au sujet de Louis XVI, il avait été question de l’affranchissement de l’Europe à la tribune de la Convention, lorsque, le 19 novembre, quelques employés du petit duché allemand de Nassau-Saarbruck implorèrent l’appui des Français contre (1) Le général Labuurdonnaye au ministre de la guerre (lettre inédite).