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HÈGKE DE LA TERREUR EN FRANCE.

vement aux emprisonnements et aux confiscations. Le premier soin était partout de réunir ou de former un club jacobin, composé exclusivement de prolétaires qui devaient apprendre aux basses classes quels bienfaits leur préparait le nouveau système, et les enthousiasmer par des promesses de bien-être et de souveraineté. Ensuite, on reconstituait les comités révolutionnaires, ne les’composant que de démocrates éprouvés qui ordonnaient sans hésitation l’arrestation de tous les suspects encore libres. Puis le commissaire de la Convention examinait la liste des employés, soit des villes, soit du département, prononçait la destitution de tous ceux qui lui semblaient appartenir à la classe des riches égoïstes ou des fanatiques religieux, c’est-à-dire des gens honorables, et se faisait présenter par les clubs des sansculottes qu’il nommait à leur place. Pendant ce temps, les réquisitions ne s’arrêtaient pas. On se borna d’abord, conformément à la loi, à prendre les choses nécessaires à l’armement et à la subsistances des troupes puis, comme il y a peu d’objets qui ne puissent être utilisés dans une grande administration militaire, les exigences s’étendirent bientôt à tous les biens quels qu’ils fussent, jusqu’à ce que, laissant de côté tout prétexte et toute pudeur, chacun s’appropriât ce qui lui convenait. D’après le principe pos~ par Saint-Just que la République gouvernait le pays par droit de conquête, on établit, sous le titre de taxes révolutionnaires, des contributions dont la répartition entre les citoyens fut faite par les comités locaux, d’après les idées politiques de chacun, la faveur ou les haines personnelles. S’il advenait que la population parût disposée à résister à de si nombreuses spoliations, on se hâtait de former une armée révolutionnaire locale, sur le modèle de celle de Paris, et d’établir un tribunal révolutionnaire qui abrégeait les procédures au bout de six mois, il existait peu de villes en France qui ne possédassent une semblable garnison et une guillotine.

ASn de faire mieux connaître ce qui se passait alors, nous allons suivre quelques-uns des commissaires, et nous former, d’après leurs rapports mêmes, une idée de leur conduite (1). (i) Lorsque, dans le récit suivant, il n’est cité aucune source particulière, c’est que les renseignements ont été tirés des dépêches mêmes des commissaires, imprimées au Moniteur.