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APOLOGIE

par le vent chaud qui lentement butine, et des chants empruntant toutes les gammes sonores. Du rouge et du bleu, du vert, du jaune et de l’or sur les plumes d’oiseaux sans nombre : perroquets moqueurs, colibris et que sais-je ? De l’azur sans nuages, des fleurs à cueillir, de la vie ardente à s’épanouir.

Et je rêvais prêt à m’assoupir…

Une voix calme soudain se fit entendre qui doucement murmurait : « Oui elle est belle la forêt tropicale, mais, crois-moi, en passant et de loin.

Elle est inextricable, on n’y peut pénétrer que la hache à la main. Le sentier, ouvert à grand’ peine aujourd’hui, se fermera demain sous la poussée des plantes voraces. Le souffle chaud que dégage sa terre est comme l’haleine mauvaise qui s’échappe des foules.

Sous le soleil brûlant, il faut cacher sa peau et rechercher l’ombre humide. Ses oiseaux sont beaux, mais des moustiques avides distillent des frissons qui vous font grelotter. Et quand, noyé dans la chaleur torride, épuisé, tu veux te reposer, tu ne peux, sans souci, t’asseoir sur la mousse, car les rep-