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LE BON SILENCE

Le soleil brille. Quelle heure est-il ? Qu’importe. Fi de l’horloge, et de ses aiguilles effilées qui vous aiguillonnent sans répit tout le jour, et de son tic-tac monotone scandant le pas impitoyable des secondes en marche !

L’eau fraîche, une bonne eau vierge, baigne votre visage, votre cou, vos bras qui s’y replongent avec délice. L’odeur familière du café nouveau, à laquelle se mêle celle de l’écorce qui brûle en pétillant dans la cheminée, vous appelle.

Vient le petit déjeuner, un vrai dîner de ville, que condimente une faim sans artifices. Le cou libre dans la chemise sans col, les jambes allongées sous la table rustique, vous savourez la douceur de commencer un jour où n’avoir qu’à flâner, et, esquissant en pensée une nique au bureau, aux affaires, par la porte large ouverte, souriant vous regardez le lac embrasé de soleil, où dansent gaiement de petites vagues argentées.

Chaussez près du feu ces longues bottes qui caressent le mollet et, sans attendre l’ami qui s’attarde, pour une fois, partez seul.

Un petit sentier s’ouvre entre deux portières de feuilles vertes, au bout du défriché qui entoure le