même, de sa parole, et peut, par un effort, reprendre son ton ordinaire ; il a riposté ; ni le bruit extérieur ni l’étincelle de son propre esprit n’ont dérangé l’ordonnance de son discours ; il repart, oblige son auditoire à le suivre, et gagne sa cause par l’éloquence même de la raison.
Tribun, M. Jules Ferry ne l’est pas, dit-on. Il l’était pourtant, en 1870, lorsqu’il haranguait les députations armées, ces bandes en désordre, qui descendaient du camp de Saint-Maur ou accouraient des faubourgs pour poser au gouvernement de la Défense nationale des questions folles ou criminelles. Il l’était aussi, d’une admirable manière, en 1881, à Nancy, lorsque dans le jardin de la Pépinière il parlait aux enfants des écoles primaires de la vieille cité lorraine. Alors sa parole n’était ni froide ni irritée, il y avait fait passer la chaleur de ses convictions, le sang de son cœur. Alors, pour une fois, devant un peuple, remettant au soir même la politique desséchante et mesquine du moment, il pouvait faire de la grande politique, de la politique humaine et nationale, de la politique de bien public ; il pouvait dire tout ce qui s’attache d’espérances à ces générations