Page:Sylvin - Jules Ferry, 1883.djvu/8

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avait appelés aux affaires. On peut désigner ainsi M. de Freycinet, disait-on ; mais M. Jules Ferry, c’était là un homme nouveau ! On allait en voir de belles, avec cet avocat, à l’instruction publique ! Il existait dans l’opinion prévenue un Jules Ferry légendaire sans ressemblance avec le Jules Ferry réel ; on n’en voulait pas voir d’autre. Peu d’hommes, en effet, ont été plus calomniés, plus desservis par les organes divers qui forment l’esprit public ; peu d’hommes sont revenus de plus loin dans la popularité ; mais, il faut se hâter de l’ajouter, car c’est un premier trait, et un trait caractéristique de cette physionomie, peu d’hommes s’en sont moins préoccupés.

La force de M. Jules Ferry est faite de deux éléments : une patience imperturbable et une confiance tranquille en soi-même. Il dédaignait les injustices de l’opinion, non par mépris pour elle, mais parce qu’il connaissait la source de ses erreurs, c’est-à-dire la haine des partis, composée moitié de rancune et moitié de crainte, et il attendait tout du temps parce qu’il se sentait assez d’habileté pour profiter des événements et assez de vigueur pour maîtriser les hommes.