Page:Système analytique des connaissances positives de l’homme, restreintes à celles qui proviennent directement ou indirectement de l’observation.djvu/288

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d’individus de notre espèce qui existent, il ne peut y en avoir, en tout temps et partout, qu’un très-petit nombre qui puisse parvenir à juger convenablement les sujets compliqués de rapports différens, qui sont de toutes parts offerts à leur pensée, en un mot, qui puisse voir, dans tous les objets observables ce que ces objets sont réellement ; tandis que le plus grand nombre de ces individus, ceux, enfin, qui composent l’immense majorité de cette multitude, sont, de toute nécessité, réduits à ne juger profitablement pour eux, que les choses qui leur sont familières, qui concernent leurs besoins ordinaires, et dont les rapports peuvent être embrassés par les idées peu nombreuses et peu variées qu’ils possèdent. Pour apercevoir les causes de ce fait d’observation, il convient de donner quelque attention aux deux considérations suivantes :

Première considération : Le nombre des idées acquises, dans tout individu quelconque, est en raison directe de l’exercice qu’il a donné à ses facultés d’intelligence ; du temps dont il a pu disposer pour exercer et varier ses pensées ; de la diversité des objets qu’il a considérés dans le cours de sa vie ; de la capacité d’attention qu’il a pu obtenir on s’habituant à l’exercer ;