Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/206

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gouvernement et ses logements à la cour. Il y a eu bien des allées et des venues sur cette affaire-là. Le Roi a refusé tendrement toutes ses demandes et veut qu’il reste au conseil. On prétend que le prince s’est rendu. Tout cela est encore un peu dans les ténèbres, et s’éclaircira au retour du prince, qui est dans sa retraite de SainteGeneviève. Je n’ai pas ouï dire que sa lettre fût publique personne ne dit l’avoir vue à Paris ni dans ce pays-ci.

M. Fargès[1], fameux homme d’affaires et encore plus fameux Missisipien, vient de perdre son procès contre le Roi, au sujet de ses comptes. Il prétendoit qu’il lui étoit dû quatre millions, et on a trouvé qu’il en devoit cinq. Ses créanciers sont totalement ruinés il devoit ces quatre millions.

On prétend que l’affaire du P. Girard est décidée, mais on ne sait encore rien de positif sur tout cela [2].

Puisque vous ne voulez point que j’aie du cuir doré, Monsieur le Marquis, ayez donc la bonté de me chercher autre chose. Je vous envoie un échantillon infâme, mais qui a fait l’admiration de Paris il y a vingt-cinq ans. J’en avais une tapisserie que tout le monde venoit voir par

  1. 3. Sur ce Fargès, voyez Barbier, tomes I, p. 251; II, p. 363 ; VI, p. 277. Il « est secrétaire du Roi, et a été munitionnaire général des armées. Il a, dit-on, plus de vingt millions de bien ; il a beaucoup gagné à Missisipi (au temps de Law : voyez ci-après, p. 265, la lettre dit 12 novembre 1736); il a été autrefois soldat dans sa jeunesse, etc. » (Journal de Barbier, tome I, p. 251, année 1732.)
  2. 4. Comme on l’a vu, l’arrêt principal dans cette affaire avait été rendu le 10 octobre 1731, mais il fut loin de mettre fin à l’agitation des esprits et aux démêlés intérieurs du Parlement. Le P. Girard, tout acquitté qu’il était par la justice séculière, avait encore été renvoyé devant l’officialîté de Toulon, où il fut du reste également absous. D’un autre côté. les deux conseillers commissaires (Boucher de Faucon et Cadenet de Charleval, dit l’abbé de Tamarlet), accusés d’avoir abusé de leurs fonctions, ne furent justifiés que le 27 mars 1732 par un arrêt du conseil du Roi. Voyez M. Cabasse, p. 269 et suivantes.