Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/505

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où nous nous sommes mis, dans une fortune qui n’est pas telle que nous la devrions avoir, nous a fait reprendre notre belle humeur. Je suis d’accord avec lui que notre tempérament a beaucoup de part au parti que nous avons pris. Nous rendons aussi grâces à Dieu de nous avoir donné l’esprit d’être contents dans un moindre mal, comme la plupart des autres le sont dans un bien[1]. Pour vous, ma chère cousine, vous n’avez que faire de souhaiter plus de feu que vous en avez ; je ne vous souhaite que plus de santé encore, et que vous nous aimiez toujours.


991. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU PRÉSIDENT DE MOULCEAU.

À Paris, lundi 29e avril 1686.

Vous aimez donc mes lettres ; j’en suis ravie, Monsieur : en voici une qui en vaut cent. Il y a un mois que ma triomphante santé est un peu attaquée : un peu de colique, un peu de rhumatisme, un peu de chagrin par conséquent ; tout cela me pourroit dispenser de vous écrire ; mais j’aimerois mieux mourir, qu’un autre que moi vous eût mandé que M. le prince de Conti[2] est enfin revenu à la cour ; il est ce soir à Versailles, et le Roi, comme un véritable père, l’a fait revenir auprès de lui, après l’avoir exilé quelque temps pour lui donner le loisir

  1. 9. « D’être contents d’un moindre mal, comme la plupart des autres gens le sont d’un bien. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.) — À la fin de la lettre, ce même manuscrit ajoute : « Votre nièce vous en dit autant, et tous deux nous assurons Madame votre fille de nos très-humbles services. »
  2. Lettre 991. — 1. Prince de la Roche-sur-Yon avant la mort récente de son frère.