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NOTICE SUR L’ANDRIENNE.

rage n’est que différé : Pamphile en pressent déjà les éclats et Dave se voit à bout de ressources. Il s’avise cependant d’un coup de maître : il dresse ses batteries pour que Chrémès sache tout, et les amours de Pamphile. et la promesse faite à Glycérie, et la naissance du petit garçon. Ce plan lui réussit. Chrémès furieux ne veut plus entendre parler de Pamphile ; le mariage est rompu. Au milieu de tous ces embarras arrive un certain Criton, citoyen d’Andros, en quête d’une jeune fille jetée autrefois par la tempête sur les côtes de son île, et qui l’a quittée pour venir retrouver sa famille. Cette jeune fille n’est autre que Glycérie, la maîtresse de Pamphile. Criton n’en peut douter, après une entrevue avec Mysis, fidèle esclave de la jeune Andrienne. Ce n’est là d’ailleurs qu’un premier pas dans la voie de la reconnaissance. Chrémès, en écoutant le récit de Criton, reconnaît dans Glycérie la seconde de ses filles qu’il croyait perdue depuis son enfance. Quelques paroles vagues, semées avec adresse par le poëte, sur la condition libre de Glycérie, avaient fait prévoir ce dénoûment au spectateur. Ces conjectures sont décidément confirmées par l’événement, au grand bonheur de Pamphile qui épouse sa maîtresse, à la satisfaction de Simon et de Chrémès tout heureux d’unir leurs enfants, et à la joie de Dave qui échappe aux étrivières.

Telle est, rapidement esquissée, la fable de l’Andrienne, empruntée par Térence à Ménandre, son maître et son modèle, mais nous savons, de l’aveu même du poète, que cette intrigue lui ayant paru trop simple, il l’a compliquée de celle de la Périnthienne, autre comédie de Ménandre, qui offrait avec l’Andrienne une ressemblance toute fraternelle. Seulement, il est difficile de démêler, vu la petite quantité de fragments qui nous restent du comique grec, quelle est la part de chacune des deux pièces originales dans l’imitation combinée du poète latin. Nous apprenons toutefois par Donat, un de ses commentateurs, que la conversation de Simon avec l’esclave Sosie, qui sert d’exposition à l’Andrienne, est prise de la Périnthienne, avec cette différence que dans Ménandre la scène a lieu entre le vieillard et sa femme. On peut croire également par induction que le rôle de Charinus, jeune Athénien épris de Philumène, cette fille de Chrémès que Pamphile ne veut point épouser, est un emprunt fait à la Périnthienne. Ce rôle, en effet, peut se détacher de l’Andrienne, sans nuire à l’action, et sans en altérer le dénoûment. Mais il serait injuste de ne pas convenir qu’il amène quelques scènes agréablement fondues dans l’intrigue, et qui donnent plus de relief au caractère de Pamphile. En-