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Page:Töpffer - Voyages et aventures du docteur Festus, 1840.djvu/144

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au fond duquel on aperçoit, des matières incandescentes. Les bords du trou, fécondés par la chaleur, sont couverts d’admirables pelouses, sur lesquelles il distingua des troupeaux immenses de mammouths et de mastodontes, animaux qu’on ne trouve plus que fossiles, en-dehors de la zone glacée qui entoure cet Éden verdoyant.

Mais dans ce moment il lui arrivait une chose bien singulière. Il avait atteint le plan d’intersection qui sépare la sphère d’attraction de la terre, de celle de la lune ; en sorte qu’ayant le buste dans l’une, et les jambes dans l’autre, il restait immobile, également sollicité par les deux astres ; seulement il observait que son corps en prenait de l’allongement, sans que toutefois les organes vitaux en fussent altérés. Ce qui l’étonna encore, ce fut de remarquer une foule d’aérolithes arrêtés, dans la même situation et pour les mêmes causes que lui, sur cet immense plan d’intersection, où ils surnageaient comme des tronçons de bois sur un océan sans rivages ; selon qu’ils se corrodent dessus ou dessous, les débris qui s’en échappent gravitent vers la lune ou vers la terre, où ils fournissent aux hypothèses des savants. Le docteur se trouvant à portée de l’un des plus gros, voulut s’y asseoir ; mais à peine l’eût-il touché, que l’équilibre d’attraction se trouvant rompu, l’aérolithe gravita vers notre terre avec une vitesse pro-