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Page:Töpffer - Voyages et aventures du docteur Festus, 1840.djvu/165

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bout du télescope, après avoir disputé le terrain pouce à pouce.

Le docteur Festus entendant quelque bruit, eut d’abord l’idée que c’était son mulet qui mordait sa crèche dans l’écurie du Lion d’Or, jusqu’à ce qu’ayant vu les deux pans de l’habit de Guignard se détacher en silhouette sur le jour circulaire qui terminait sa retraite télescopique, il s’en approcha et les saisit, juste au moment où Guignard culbutait, poussé à bout dans les derniers retranchements de son hypothèse et du télescope. Guignard, hissé dans l’instrument, intenta aussitôt au docteur une kyrielle d’argumens tous neufs, tendant à établir toujours mieux son hypothèse. Le docteur prit la chose à merveille, et rétorqua syllogistiquement.

Après la défaite de Guignard, Lunard en avait conclu le triomphe de son hypothèse ferrugineuse et lunaire, tandis qu’au même moment, Nébulard en concluait le triomphe de son hypothèse nébuleuse. D’où résulta une scission nouvelle, qui amena un résultat identique ; en sorte que les trois savants se trouvèrent hissés dans le télescope, où ils ne tardèrent pas à s’empoigner sur l’hypothèse. Le docteur Festus fit alors sa retraite dans le fond, emportant avec lui toute sa dialectique, qu’il craignait de compromettre au milieu des gesticulations effrénées de ses trois compagnons.