Page:Töpffer - Voyages et aventures du docteur Festus, 1840.djvu/60

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Ce bruit était celui que faisait Jean Baune, le repris de justice, pour ouvrir la malle. À peine eut-il levé le couvercle, que, voyant un homme bien éveillé qui le regardait faire, il lui braqua dessus son pistolet, par bonheur déchargé récemment ; tandis que le docteur Festus, se croyant encore dans son rêve, le prenait pour un néoplatonicien de mauvaise mine. Mais à la vue de Jean Baune qui rechargeait son pistolet, le docteur crut rêver qu’il se sauvait à toutes jambes, et effectivement, après une course impétueuse de deux heures d’horloge, voyant dans une prairie des meules de foin, il s’y cacha, suspendant ainsi pour cause majeure son grand voyage d’instruction, jusque-là si heureusement commencé.

III.

Le docteur, enfoui si subitement dans sa meule, ne savait trop que penser. Il croyait veiller ; mais d’autre part il croyait rêver, ce qui le conduisit à faire une série de syllogismes dont le dernier fut un dilemme continu, indéfini, insoluble qui lui donna beaucoup de mal (le dilemme lui était en général funeste), et qui lui faisait tourner la tête, comme la rivière, une roue de moulin. C’était ce-