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Festus, moitié veillant, moitié rêvant, se dérobait pour toujours au moulinet, en se cachant dans le creux d’un arbre miné par les ans.

X.

Milord ayant abattu la force armée, revint au docteur pour s’emparer de l’habit, mais le trouvant disparu, il se mit à sa poursuite, faisant une battue et fouillant les buissons avec son sauvageon noueux.

La force armée restait sur le terrain, fort maltraitée par le moulinet. Au bout de deux heures d’horloge elle se releva, et ne voyant plus l’habit, elle se livra aussitôt à l’indiscipline la plus grossière ; partant du pied droit, divergeant dans sa marche, et se frappant du talon le derrière, et du genou le menton. Elle allait à travers champs, gâtant les haies, perçant les clôtures, abattant les choux, couchant les seigles, enfonçant les semis, perturbant les basses-cours, effrayant les grenouilles, disjoignant les rigoles, et rompant les gerbes ; de telle sorte que les paysans lui juraient après, et de derrière les haies lui lancèrent onze cent trente-trois carottes, et des noyaux de pêches à pleins sacs.