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derniers événemens planétaires, lorsque la scie au trente-deuxième coup lui mordit le gros orteil. Il poussa aussitôt un cri de douleur immense qu’il traduisit à tout hasard dans ses vingt-deux langues, au cas que quelqu’une fût comprise des habitans de Saturne dont il se jugeait toujours très-voisin. À cette voix, les deux scieurs de long tombèrent à plat ventre de peur, et l’arbre continuant à parler, ils s’enfuirent avec une telle véhémence d’impétuosité, qu’arrivés au village, ils n’eurent que le temps d’annoncer un arbre parlant, après quoi ils moururent d’un épuisement pulmonaire, à l’exemple de cet Athénien qui mourut, annonçant à sa ville la défaite des Perses à Marathon.

IV.

Le docteur Festus, fortement influencé par tous ces événemens, laissa là le calendrier pour sortir de l’arbre et reconnaître le pays. La première personne qu’il vit, en mettant le nez à l’air, fut le sieur Taillandier, qui, à cette soudaine apparition, se laissa cheoir de frayeur parmi la poutraison de son fenil, d’où il tomba sur le centre de l’échelle, d’où il fut renvoyé par ricochet dans un baquet