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— Consolez-vous, ma belle, ajoute-t-elle toute joyeuse, venez me voir demain, je vous instruirai à ce propos et vous ferai atteindre au but de vos désirs.

À ces mots je me sentis toute ragaillardie. Le lendemain je me couvre de mes plus beaux vêtements, me parfume des plus suaves odeurs et me rends chez ma voisine. Elle avait pour frère un aimable garçon, grand amateur de femmes et fort distingué : il s’offrit à ma vue dès mon arrivée. À son aspect inattendu, je me sentis si fort troublée que ma langue, comme un oiseau sauvage, me refusa tout service. Il s’avance à ma rencontre et me comble de politesses, de compliments et de marques de considération, tout en témoignant de la joie qu’il éprouvait.

— Soyez la bienvenue, Madame ; de grâce ne vous fatiguez pas davantage et asseyez-vous.

Ainsi il se répand en discours caressants et s’empare de mon cœur. Bientôt je me sens rougir et commence à regretter ma démarche ; cependant je me rassurai par degrés, tant ses procédés avenants avaient le don de me plaire. Je ne laissai pas, toutefois, de garder le silence.

À la vue de mon embarras, ma voisine, qui avait déjà tout préparé en conséquence, me dit : — Puisque vous êtes venue ici pour vous amuser, ne faites-donc pas tant de façons, chère madame ; si vous le voulez-bien nous