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Page:Tīfāšī - Le Livre de volupté, 1878.djvu/73

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nement de ses nouvelles. Plût à Dieu que je fusse morte à sa place ; qu’il daigne au moins l’admettre à sa droite !

Cela dit, elle se tut.


III

Le Batelier.


Cette fois encore une jeune femme s’avance et commence un récit.

— Effendi, dit-elle, votre servante possédait autrefois plus de mérites qu’un anachorète n’en pourrait dénombrer dans l’année : je m’attachais assiduement à la prière, à l’étude des traditions orales et à la lecture. Pendant les nuits prescrites, je visitais les tombeaux des savants et des hommes renommés pour leurs vertus. Si l’on en croit les galants, nulle femme de Bagdad ne pouvait m’être comparée pour la beauté et la grâce. Jamais un homme, quel qu’il fût, ne m’avait connue.

Un jour, dans le dessein d’aller visiter le mausolée d’Ahmed, je suivais à pied les bords du Tigre. Bientôt l’air s’obscurcit d’un tel brouillard qu’on n’aurait pu compter ses doigts ; de plus une forte pluie se mit à tomber. Je me décidai alors à prendre un caïque. — Où allez-vous me demanda le caïqdji (batelier) ? — Je me rends, lui dis-je, au mausolée d’Ahmed. — À mer-