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Page:T. Corneille - Médée, Schelte, 1695.djvu/33

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Scène V

Jason, Créüse, Cléone.

JASON.

Qu’ai-je à résoudre encor ? Il faut vivre pour vous.
Est-il un plus grand avantage
Que de borner mes souhaits les plus doux
A rendre à vos beautés un éternel hommage ?
Plus je vous vois, plus je me sens charmé :
À mon amour mon cœur ne peut suffire.
Quand on aime ardemment, quel plaisir d’être aimé.
Quel triomphe de l’oser dire !

CRÉÜSE.

Pour régner par tout à son choix,
L’impérieux amour ne respecte personne.

JASON.

Il faut faire ce qu’il ordonne,
Le vrai bonheur est de suivre ses lois.

CRÉÜSE.

Avant que de vous voir mon cœur étoit tranquille,
Et quand vous en troublez la paix,
Je sens qu’à mon bonheur la perte en est utile.
Vous, où j’ai tant trouvé de sensibles attraits,
Doux repos, quittez-moi, ne revenez jamais.

JASON.

De la tranquillité doit-on se mettre en peine,
Quand on sent un trouble si doux ?