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Scène VI

Jason, Créüse, Cléone.

JASON.

Ah, Roi trop malheureux ! mais ô ciel ! la Princesse
Paraît mourante entre vos bras !
Qui la met dans cette foiblesse ?

CRÉÜSE.

Approchez-vous, Jason, ne m’abandonnez pas.
Mon père est mort, je vais mourir moi-même.
Je péris par les traits que Medée a formés ;
Mille poisons dans sa robe enfermés,
Par une violence extrême,
Vous ôtent ce que vous aimez.
Ce que j’endure est incroyable ;
Mais au moins j’ai de quoy rendre grâces aux dieux,
Que sa fureur impitoyable
Me laisse la douceur de mourir à vos yeux.

JASON.

Appelez-vous douceur un effet de sa rage ?
De cet affreux spectacle elle a su la rigueur.
Pouvoit elle mettre en usage
Un supplice plus propre à m’arracher le cœur ?

TOUS DEUX.

Hélas ! Prêts d’être unis par les plus douces chaînes,
Faut-il nous voir séparés à jamais ?