Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/156

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Elle s'en fâche un peu, comme vous pouvez voir.

léonard

Mais en si peu de temps qu'avez-vous pu savoir ?

don fernand

Que l'époux trop heureux que le ciel lui destine [555]
Est pauvre, et pour tout bien n'a que sa bonne mine.

léonard

Il ne faut pas ainsi craindre légèrement,
Ma fille.

beatrix

bas
De quel front le bon Cavalier ment !

lucrèce

Cette prédiction me met beaucoup en peine.

léonard

Ne vous alarmez point, je la puis rendre vaine. [560]

lucrèce

Toutefois
Don Fernand
qui me prédit ce point

Est un grand Astrologue, et ne se trompe point,
Bien d'autres en ma place auraient inquiétude.

léonard

Certes, l'Astrologie est une grande étude,
Bien digne d'occuper un esprit curieux, [565]
Et noble d'autant plus qu'elle s'attache aux Cieux.
Si vous la possédez dans le degré suprême
Peu savent les moyens d'y réussir de même,
La spéculation n'est pas bonne pour tous.
Quoi qu'il en soit enfin, Monsieur, je suis à vous. [570]
J'eus toujours grande ardeur pour ceux dont la science
Relève le bon sang qu'ils ont de leur naissance,
Et s'il faut librement vous en faire l'aveu,
Dans mon jeune âge aussi je m'en mêlais un peu,
Mais différents soucis, l'embarras des affaires [575]
M'ont fait prendre depuis des soins plus nécessaires.
Dites-moi cependant. Auriez-vous pour suspect
Saturne regardant Venus d'un trine aspect,
Et peut-on justement tirer un bon augure
De la conjonction d'Hécate avec Mercure ? [580]

don fernand