Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/195

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Pardonnez devant vous si j'ai reçu message,
Je sais bien le respect que l'on doit à votre âge, [1400]
Mais l'affaire pressait.

léonard

Vous me rendez confus :
Mais de grâce avec moi ne dissimulez plus.

don fernand

Si j'en savait assez...
L'excuse est inutile,
Une bague perdue, est-il rien plus facile ?

don fernand

Monsieur, encore un coup, je vous le dis sans fard... [1405]

léonard

Monsieur, encore un coup laissons la feinte à part,
Et m'apprenez enfin ce que je veux apprendre.

don fernand

De peur de vous fâcher je voulais m'en défendre,
Mais vous m'y contraignez.

léonard

Rien ne me peut fâcher.

don fernand

Oyez donc ce qu'en vain j'ai voulu vous cacher, [1410]
Et sachez que déjà rêvant à votre affaire
J'ai fait en mon esprit ce qu'il a fallu faire.
Celui qui ce matin vous a fait compliment
En habit de campagne, a votre diamant.

léonard

Qui l'aurait soupçonné d'une si noire tache, [1415]
Et qu'étant si bien fait il eut l'âme si lâche ?
Mais quoi ! c'est un effet de la nécessité
Qui du sang le plus pur rend un sang tout gâté.
Vous voyez, Don Fernand, qu'en vain vous vouliez taire
Ce dont sur votre front je vois le caractère. [1420]
Quand je dis une fois, Cet homme a de l'esprit,
C'est un savant du siècle, il l'est sans contredit,
Adieu.
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