Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/200

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Et pouvons-nous avoir de quoi faire débauche
Sans ces menus profits qui nous viennent à gauche ? [1500]
Tu sais que de l'argent qui tombe en notre main
Selon l'occasion on retient le douzain,
Et que peu de valet en font quelque scrupule.

philipin

C'est à dire en deux mots que tu ferres la mule ?
C'est un bon revenu dont il me faut passer, [1505]
Mon maître hait le vol plus qu'on ne peut penser,
Et je crois pour cinq sols que sans miséricorde
Il me ferait apprendre à danser sous la corde :
Même je te plains fort de l'être venu voir,
Te servant du talent et l'ayant fait valoir, [1510]
Car comme en te voyant il l'aura pu connaître,
Il pourra bien tantôt en avertir ton maître.

mendoce

En avertir mon maître ! Hélas, je suis perdu.

philipin

Pourquoi ? ton pis aller n'est que d'être pendu.

mendoce

Hé de grâce, en faveur d'un compagnon d'office, [1515]
Empêche si tu peux qu'il ne l'en avertisse.

philipin

As-tu bien dérobé ?

mendoce

Peu de chose à la fois.

philipin

Mais souvent ?

mendoce

Environ vingt ou trente par mois.

philipin

À te dire le vrai, je n'y sais qu'un remède.

mendoce

Dis-le-moi promptement afin que je m'en aide. [1520]

philipin

Mon maître a maintenant tant de soins en l'esprit,
Que sans qu'il pense à toi tu peux quitter Madrid :