Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/231

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En effet, c'est une Ombre attachée à mes pas. [95]

JACINTE.

Ah, que pour vous encor l'amour a peu d'appas !

ISABELLE.

Hélas, Jacinte !

JACINTE.

Et quoi  ? Votre coeur en soupire  ?

ISABELLE.

Tu juges mal.

JACINTE.

De quoi  ?

ISABELLE.

Je n'ose te le dire,
Et pourtant...

JACINTE.

Tout de bon, vous aimez  ?

ISABELLE.

Il est vrai.

JACINTE.

Ô la secrète ! Et qui, de grâce  ?

ISABELLE.

Je ne sais. [100]

JACINTE.

Vous ne me feriez point confidence du reste  ?

ISABELLE.

Ne te souviens-il plus de l'accident funeste
Que je cache avec soin à tout autre qu'à toi,
Et qui depuis un mois m'a donné tant d'effroi  ?

JACINTE.

Quoi, ce brave Inconnu qui vous sauva la vie, [105]
Par la peur d'un Taureau déjà presque ravie,
Lorsqu'à l'insu d'un Père, et sans me l'avoir dit,
Une Parente et vous sortîtes de Madrid,
Et qu'un mauvais destin vous pensa bien cher vendre
Ce peu de liberté que vous osâtes prendre, [110]
Serait-ce bien celui qui vous fait soupirer  ?

ISABELLE.

Lui-même.

JACINTE.