Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/316

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Ne nous brouillons donc point par de nouveaux détours. [1695]

DON BERTAN.

Vous me pensiez mener par le nez comme un Ours.

DON GARCIE.
avec un ton de colère.

Quand je parle raison, j'entends qu'on y réponde.

DON BERTAN.

Vous êtes bilieux autant qu'homme du monde,
Vous deviez donner prompt remède à cela.
Je compose un onguent...

DON GARCIE.

Nous n'en sommes pas là. [1700]
Puisque pour vous ma fille est un parti sortable,
Fussiez-vous mille fois plus Diable que le Diable,
Vous ne vous moquerez ni d'elle ni de moi,
Et vous l'épouserez, ou vous direz pourquoi.

DON BERTAN.

Je ne suis pas un sot, et cela vous suffise. [1705]

DON GARCIE.

Cette sotte raison n'est point ici de mise.

DON BERTAN.

Et si sa vision la prenant au collet,
Elle s'en va sauter au cou de mon valet
Le croyant Chevalier de l'Animal à cornes  ?

DON GARCIE.

Ce galimatias n'aura-t-il point de bornes  ? [1710]
Irez-vous encor loin  ?

DON BERTAN.

Ne faites point le fin.
Mais dites, son cerveau (car je sais tout enfin)
En quel temps reçoit-il cette idée importune  ?
Est-ce dans la nouvelle, ou dans la pleine Lune  ?

DON GARCIE.

Je crois, sans vous flatter, que le vôtre en tout temps [1715]
Vous rend fou passé-maître, et des plus importants.

DON BERTAN.

Doncques elle n'a point la cervelle blessée
De cette chimérique et fantasque pensée,