Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/320

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J'en sais plus que vous ne pensez,
Et vous ferai bien voir que je suis hors de page.
Vous n'avez subsisté que par le cousinage,
Et sans moi qui fournis, et peut-être dès demain [1775]
Vous tireriez la laine, ou vous mourriez de faim  ?

DON ALVAR.
.

Ce reproche est honteux.

DON BERTAN.

Je prenais Isabelle
Seulement sur le bruit qu'elle avait d'être belle,
Car du reste, néant, elle n'a pas un sou.

DON ALVAR.
.

Qu'en voulez-vous conclure  ?

ISABELLE.
à Jacinte.

Est-il un plus grand fou  ? [1780]

DON BERTAN.

Vous lui parlez d'amour au mépris de ma flamme  ?
Mariez-vous sur l'heure, et la prenez pour Femme,
C'est par où je prétends me venger de tous deux.
Elle, sans aucun bien, vous, passablement gueux,
Allez, vous connaîtrez plutôt qu'il ne vous semble [1785]
Quel Diable de rien c'est, que deux riens mis ensemble.
Dans la nécessité vous n'aurez point de paix,
L'amour finit bientôt, la pauvreté, jamais.
Afin que tout vous semble aujourd'hui lys et roses,
J'aurai soin de la noce, et paierai toutes choses, [1790]
Mais vous verrez demain qu'on a peu de douceur
À dîner d'un Ma vie, à souper d'un Mon coeur,
Et qu'on est mal vêtu d'un drap de Patience
Doublé de Foi partout, et garni de Constance.

DON ALVAR.
,
à Guzman.

Écoutons le Beau-père avant que de parler. [1795]

LÉONOR.
à Don Bertran.

Quoi, sur sa trahison loin de le quereller...

DON BERTAN.

Où je parle, où je suis, c'est à vous de vous taire.
Je vous l'ai dit cent fois, vous n'en voulez rien faire,