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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/373

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C’est donc là ce qui vous rend jaloux ?
À Florame aujourd’hui j’ai donné rendez-vous ?

Oronte

Je l’en ai vu tantôt dans une joie extrême.

Lucie

Vous le savez de lui sans doute ?

Oronte

De lui-même.
Mais hélas ! Jusqu’où va votre aveugle rigueur !
Vous vouliez devant moi lui donner votre cœur.
C’est peu que votre amour comble le sien de joie,
Pour mourir de douleur il faut que je le voie.

Lucie

À vos lâches soupçons n’avoir rien refusé,
C’est mériter fort peu d’être désabusé,
Et toute autre en ma place après un tel reproche…

Bas.

Mais je pense entrevoir un homme qui s’approche,
C’est mon Frère, sans doute, il faut dissimuler.

Haut.

Vous ne pourrez, Monsieur, aujourd’hui lui parler,
L’heure n’est point réglée, et je ne puis vous dire
Dans quel temps de la nuit mon Frère se retire.
Tous les soirs il me quitte, et ne revient que tard,
Adieu.

Elle ferme la fenêtre.

Oronte

Quel contretemps !

Cliton

Il est assez gaillard.

Oronte

Pour en trouver la cause en vain je m’examine.

Cliton

Pour fin que vous soyez, Monsieur, on vous affine ;
Dans l’esprit de fourber on voit que vous parlez,
Et l’on vous plante là pour ce que vous valez.

Oronte

Tais-toi, j’entends quelqu’un.