Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/380

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Dorotée

De cette lâcheté votre esprit me soupçonne,
Qu’autre que vous chez moi…

Oronte

J’ai l’oreille assez bonne,
Et discerne aisément dans la voix que j’entends
Si…

Dorotée

Vous avez raison, j’aurois bien pris mon temps.
Vous n’aviez pas de moi ce soir parole expresse ?

Oronte

Pour satisfaire à tous vous avez trop d’adresse,
Et par un seul billet qui sait répondre à deux,
Peut d’un seul rendez-vous exaucer bien des vœux.

Dorotée

Quoi, sur ce fondement vos lâches défiances…

Oronte

Non, non, j’en parle encor sur d’autres apparences.
En frappant, certain bruit m’a fait juger d’abord
Que ce seroit hasard si je vous plaisois fort ;
On marchoit, on parloit, et si je ne m’abuse,
J’ai pu entr’ouïr dans une voix confuse,
Le voilà, je l’entends, qu’est-ce qu’on en fera ?
Je n’en croirai pourtant que ce qu’il vous plaira.

Dorotée

Et je prendrois plaisir à vous laisser tout croire,
Si ce honteux soupçon n’offensoit pas ma gloire.
Mais apprenez enfin, pour ne vous tromper pas,
Que j’avois fait tenir ma Suivante ici bas,
Et que tandis qu’en haut j’avois l’œil sur mon Père…
Mais la voici qui vient éclaircir ce mystère.