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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/397

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Oronte

Tu crois que sa beauté me pique,
Va, si mon soin jamais à la servir s’applique…

Lisette

Vous la vîtes donc hier pour la dernière fois ?

Oronte

Je m’y forçai pour toi, vois ce que tu me dois.

Lisette

Pour moi ?

Oronte

Rien n’est plus vrai.

Lisette

C’est là donner des vôtres.

Oronte

Quoi, tu ne me crois point ?

Lisette

Vous en savez bien d’autres.

Oronte

Ah non, encor un coup je te jure ma foi
Que je ne la vis hier que pour l’amour de toi.
J’ai pour son entretien une haine mortelle ;
Mais ayant découvert ta retraite chez elle,
Quoique assuré d’y voir un Objet odieux,
J’y courus sur l’espoir de te parler des yeux ;
Tu n’eusses pas manqué d’entendre ce langage ?

Lisette

Que vous êtes subtil et fait au badinage !
Vous la trouvâtes seule ?

Oronte

Aussi pour m’en venger,
Je ne m’étudiai qu’à le faire enrager.
J’eus des respects pour elle aussi rares qu’étranges,
Et pensai l’accabler à force de louanges ;
Mais elle me perdoit, tant mon style étoit haut.

Lisette

Vous pourrez aujourd’hui réparer ce défaut,
Elle veut vous parler, et je viens vous le dire.
Dépêchez, suivez-moi.