La froideur de Fernand me surprend et m’afflige,
Mais à quoi que pour vous la Nature m’oblige,
Lui faire proposer de rompre cet accord
Serait porter Enrique à conspirer sa mort.
Mais Dieux, vois-je Jacinte, ou si mon œil s’abuse ?
Les différents sont doux qui font naître une excuse.
Scène II
Madame, quel dessein en ce lieu vous conduit ?
Venez-vous voir l’état où m’avez réduit,
Et de mon désespoir jouissant sans obstacle
Saouler votre vertu d’un si triste spectacle ?
à Jacinte
Vous voyez les transports d’un cœur vraiment atteint,
Il n’espère qu’en trouble et croit tout ce qu’il craint.
J’avois fait un dessein dont sans doute il soupire,
Mais il étoit injuste, et je viens m’en dédire.
Quoi ! Se pourroit-il bien qu’après tant de rigueur,
Un reste de tendresse eut ému votre cœur,
Que vous eussiez connu qu’une injustice extrême
Vous portoit à me perdre en vous perdant vous même,
Et que l’amour enfin vous eut fait souvenir
Qu’il faut venger un père, et non-pas vous punir ?
Je sais ce que je dois aux intérêts d’un père,
Pour l’oublier jamais sa gloire m’est trop chère,
Mais au nom de l’époux qu’il m’avoit destiné,
Contre moi tout à coup mon cœur s’est mutiné,