ACTE III
Scène premiere
Enfin instruit d’un nom que vous brûliez d’apprendre,
D’un ennemi secret vous allez faire un gendre ?
Au moins suis-je ravi que contre mon espoir
Vos fidèles conseils m’en donnent le pouvoir.
Le conseil est fâcheux, et j’ai vu l’assemblée,
Sans pouvoir que résoudre, également troublée,
Mais quoi qu’avec des yeux de juges rigoureux,
Ne regardant en vous qu’un vieillard malheureux,
Que la fuite de l’âge a mis dans l’impuissance
D’effacer par le sang la honte d’une offense,
Voyant d’ailleurs Alonse à se taire obstiné
À moins qu’à cet accord on vous eût condamné,
Et vous même surtout témoigner de vous rendre…
Je n’en usais ainsi que pour mieux le surprendre,
Sachant qu’à ne me voir ébranlé qu’à demi,
Il m’eût toujours caché quel est mon ennemi.
Il me l’a donc nommé devant ma fille même,
Et pour mieux déguiser encore le stratagème,
J’ai voulu devant lui ne lui donner qu’un jour
À disposer son âme à ce funeste amour,
Lui-même il l’en a vue et surprise et confuse,
Mais il est juste enfin que je la désabuse,