Mais enfin à présent qu’un peu mieux éclairée,
Ma raison sert de guide à mon âme égarée,
Et que mon cœur honteux de se voir abattu
Avec plus de vigueur rappelle sa vertu,
Loin de suivre l’erreur qui m’avoit abusée,
Si je dois m’excuser, c’est de m’être excusée,
Et d’avoir fait paroître avec quel désespoir
L’amour que j’eus pour vous s’immole à mon devoir.
Ainsi vous détrompant du bruit de mon naufrage,
Confessez qu’à mes feux j’ôte un grand avantage,
Et qu’il vaudroit bien mieux qu’ainsi qu’auparavant,
Vous m’estimassiez mort que de me voir vivant.
Au moins pourrois-je encore me dispenser sans honte
À pousser des soupirs pour une mort trop prompte,
Et sans examiner si dans de tel malheurs
L’amour ou la pitié feroit couler mes pleurs,
Pour flatter mon ennui je trouverois des charmes
À me croire permis de répandre des larmes ;
Mais lors que vous vivez, des sentiments si doux
Sont trop pour mon devoir s’ils sont trop peu pour vous,
C’est à les étouffer qu’il faut que je m’applique,
Et comme votre vue en est l’obstacle unique,
Je fuis un ennemi qu’en mon ennui secret
Je combats avec peine et ne vaincs qu’à regret.
Vous me quittez, Madame ?
Il y va de ma gloire.
Et d’un amour si pur vous perdrez la mémoire ?
J’y ferai mon pouvoir.
Oyez donc jusqu’au bout,
À quel point…