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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/162

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Dom Lope

Gardez bientôt de prendre un sentiment contraire.

Dom Alvar

Pourquoi ?

Dom Lope

Si je vous dis que le mort est mon frère ?

Dom Alvar

Votre frère !

Dom Lope

Oui, mon frère, et vous pouvez juger
Si je puis vous défendre ayant à le venger.

Dom Alvar

Mais vous m’avez promis…

Dom Lope

La promesse est frivole,
Jamais contre soi-même on ne donne parole.

Dom Alvar

Que prétendez-vous donc ?

Dom Lope

Montrer par votre mort
Que le devoir du sang est toujours le plus fort.

Dom Alvar

Et bien, me voici prêt à vous rendre une vie…

Dom Lope

Non, je sais mieux à quoi la gloire me convie,
Et ce n’est pas ici qu’au milieu du secours
J’aspire sans péril à terminer vos jours.
Adieu, retirez-vous, j’ai peur qu’on vous arrête,
Allez en sûreté chercher une retraite,
J’ai soin de votre vie et l’ose conserver,
Mais sachez qu’en effet c’est me la réserver,
Et qu’il n’est point de lieu, quoi que vous puissiez faire,
Où sur vous mon devoir n’aille venger un frère.

Dom Alvar

Croyez-vous que son sang qu’a répandu ma main
Soit l’effet criminel d’un injuste dessein ?