Croyant vous avancer, Alonse vous a nui,
Et sa feinte à vos feux prête un mauvais appui.
C’est ainsi que le sort par un dernier outrage,
Dans un calme apparent me fait faire naufrage,
Et trompant d’un ami le zèle officieux
N’élève mon espoir que pour l’abattre mieux.
C’est le dernier des biens dont sa rigueur nous prive.
Vous en jugez, ma sœur, par ce qui vous arrive,
Et d’un fâcheux hymen qui faisoit votre mort,
Enrique avec Fernand ayant rompu l’accord,
D’un si prompt changement le revers favorable
Vous en fait pour ma flamme espérer un semblable.
Mais qu’en vain jusques-là je voudrois me flatter !
Dom Sanche veut ma mort, je ne puis l’éviter,
Et quoi qu’on fasse enfin, je n’ai point à prétendre
Qu’après l’avoir jurée il m’accepte pour gendre.
Mais il vous croit coupable.
Il le croira toujours.
La vérité connue est un puissant secours,
Vous n’êtes criminel que pour la vouloir taire.
Chercher mon innocence en accusant un frère,
Un frère, dont l’état trop digne de pitié,
Me feroit soupçonner d’un secours mendié !
D’un si lâche dessein je me sens incapable,
Et puisque son aveu ne le rend point coupable,
Qu’à s’accuser soi-même il n’a pu consentir,
Je ne publierai point ce qu’il peut démentir.
Espérez tout d’Alonse, il l’observe sans cesse,
Et dans la juste ardeur qui pour vous l’intéresse,