Et montre sa justice à qui sait par quel bras
Il sut vous garantir d’un attentat si bas.
Je sais qu’aucun jamais ne lui fut redevable
D’un secours ni plus prompt ni plus considérable,
Mais si j’en tiens le jour qu’on me vouloit ravir,
J’ignore de quel bras il daigna s’y servir.
Ce vaillant inconnu, quelque effort que je fisse,
Me refusa son nom après ce grand service,
Et ce n’est qu’aujourd’hui que je le dois savoir.
Pouvez-vous l’ignorer si vous le pûtes voir ?
La nuit n’étoit pas sombre.
Elle étoit assez claire
Pour voir ce même ami qui trompa votre père,
Qui m’escortant chez vous, n’en sortit qu’après moi,
Mais son visage seul est ce que j’en connois.
Et bien, quel qu’il puisse être, obtiendrai-je une grâce ?
Madame…
À l’expliquer mon esprit s’embarrasse,
Mais c’est ce qui m’amène, et ce fut hier au soir
Ce qui me fit en cor souhaiter de vous voir.
Parlez, et puisqu’enfin il s’agit de vous plaire,
Fallut-il me soumettre à la fureur d’un père,
Et perdre…
Ah, jugez mieux d’un cœur qui tout à vous
Déteste les effets d’un injuste courroux.
Vous voir reconnoissant est toute mon envie,
Un inconnu pour vous a prodigué sa vie,
Et ce qu’à votre amour je demande aujourd’hui,
C’est que jamais ce bras ne s’arme contre lui.
Me le promettez-vous ?