Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et tout ce que le temple a de cérémonies
Ne rendra pas demain vos âmes mieux unies,
Nous devons par respect ce dehors à nos dieux ;
Mais à l’ambition il faut fermer les yeux,
Ce bonheur souhaité, cet hymen qui vous flatte,
N’est dû qu’au seul vainqueur du Prince Timocrate,
Et la foi dont les nœuds ont pour vous tant d’appas
Demeure sans effet si vous ne l’êtes pas.

CLÉOMÈNE.

Quoi, ce n’est point assez pour vous le faire croire
Que la mienne à l’état répond de ma victoire ?
Ces exploits renommez des cœurs nobles et grands
D’une entière vertu sont d’illustres garants,
Et ce seroit un monstre horrible en la nature
De voir la valeur jointe avecque l’imposture.

LA REINE.

Toutefois un témoin assez digne de foi
Dans votre prisonnier ne connoît point de roi.

CLÉOMÈNE.

Ce témoin, quel qu’il soit, le pourroit mal connoître.

LA REINE.

Quoi donc ? Trasille enfin ne connoît point son maître ?

CLÉOMÈNE.

Trasille ! Il le connoît et ne peut s’abuser.
Mais je le confondrois s’il ose m’accuser :
C’est à quoi je m’engage.

LA REINE.

Allez, qu’on nous l’amène,
Arcas, il attend l’ordre en la chambre prochaine.
Arcas sort.
Votre entreprise est grande et j’en tremble pour vous.